Le Détachement de l’Astrologie de ses racines astronomiques : Un renversement préoccupant
Depuis quelques années j’observe une tendance croissante où de nombreux courants ou pratiques astrologiques semblent délaisser toute référence à l’astronomie, au profit d’un langage symbolique de plus en plus déconnecté du réel. Ce renversement est inquiétant, car il sape les fondements mêmes de l’astrologie.
Il est essentiel de rappeler que l’astrologie est intrinsèquement liée à l’astronomie depuis ses origines mésopotamiennes. Historiquement, la compréhension des mouvements célestes était la base de toute interprétation astrologique. Ce délaissement des fondations astronomiques menace la cohérence et la rigueur de la discipline astrologique, risquant de la réduire à une simple croyance sans ancrage dans la réalité observable. Revenir aux sources astronomiques est crucial pour préserver la profondeur et la légitimité de l’astrologie.
Déracinement ontologique : L’Astrologie face aux illusions du transhumanisme et du « Tout est possible »
Depuis plusieurs décennies, une tendance inquiétante se manifeste dans la culture mondiale : la prolifération de contenus spiritualistes, souvent influencés par le platonisme, qui négligent ou ignorent la dimension incarnée de l’existence. Le transhumanisme est un moteur majeur de ce phénomène, qui touche des domaines aussi variés que les sciences physiques, biologiques, neuro-cognitives, les biotechnologies, la philosophie et même certaines approches astrologiques.
L’Illusion d’un futur sans limites : Une critique du déracinement spirituel
Ce déracinement ontologique me semble délétère. Il véhicule l’idée que les solutions aux défis existentiels de l’être humain se trouvent dans un avenir prométhéen fantasmatique ou dans un au-delà purement imaginaire, où toute limite du vivant serait abolie – y compris la mort, la plus radicale.
Cette promesse d’un « tout est possible » miraculeux et illusoire est incompatible avec un parcours existentiel dont le centre de gravité est la responsabilité. Nous sommes redevables de la vie que nous avons héritée (bien plus vaste que notre « petit moi »). Cela implique une capacité à faire des choix éclairés et lucides sur qui nous voulons être dans une existence assumée, avec les limites connues et inconnues auxquelles elle nous confrontera.
L’Importance fondamentale des limites
Il est essentiel de rappeler que les limites sont inhérentes à tout organisme vivant (1), de la bactérie à l’être humain ; elles en sont la condition même. Sans limites, aucune vie organisée et intégrée, aucune entité vivante ne pourrait se déployer, sauf dans l’imagination. Sans limites, l’unité corps-âme-esprit des êtres incarnés que nous sommes se désagrégerait. En effet, quand tout est possible, alors rien n’est possible existentiellement parlant !
Un recentrage salutaire
Face à ce constat, il m’a paru urgent de recentrer la pratique et le discours astrologiques en revenant à leurs racines concrètes issues de l’astronomie (sur lesquelles s’appuie notamment l’Astrologie conditionaliste) situées à l’antipode d’un au-delà purement imaginaire. C’est la principale raison qui m’a amené à poser les premières pierres de fondation de l’Astrologie existentialiste. Une astrologie revivifiée par les postulats existentialistes (capacité de se déterminer librement par soi-même, responsabilité de son devenir, de son existence) et conditionalistes (2). Face au désenchantement des approches éthérées et fatalistes de l’astrologie n’est-il pas vital de resituer la quête de liberté au cœur de nos propres existences, dans l’épaisseur existentielle et dans l’ici et maintenant de nos vies ?
Notes :
1 – Exemple de limites organiques : la peau est une limite ayant une fonction protectrice, mais aussi de régulation thermique entre l’externe et l’internet. Au niveau cellulaire la pression osmotique intra et extracellulaire doit être régulée sans dépasser certains seuils protecteurs.
2- Je cite Jean-Pierre Nicola, fondateur de l’Astrologie conditionaliste. Il évoque un des postulats qui devrait faire sens par son évidence : L’horoscope (ou thème astral) n’est pas le sujet.
« L’horoscope n’est pas le Sujet… Le problème de l’astrologie gagne ainsi en clarté : les planètes sont des corps matériels aux cycles significatifs pour le développement humain, leurs symboles viennent des hommes qui en sont les récepteurs et non pas des astres, sources de signaux et non de symboles. Comment les horloges externes du non-vivant peuvent entrer en résonance avec des horloges internes du vivant, j’en ai donné beaucoup plus qu’une idée dans Eléments de Cosmogonie Astrologique (Editions COMAC, 1992) à partir de formules communes au vivant et au non-vivant qui mettent en cause l’atome d’hydrogène. Mon travail a été repris et étoffé par Jean-Paul Citron dans son article « Le signal hydrogène » (Cahiers Conditionalistes n° 28). Pour résumer : l’astrologie conditionnelle se définit par la recherche des modes de relations et d’adaptation entre le conditionnement céleste et le conditionnement terrestre. D’un côté le ciel avec ses signaux connus et inconnus, de l’autre l’humain, avec ses signaux spécifiques et ses symboles. L’étude de leurs relations exige d’explorer toutes les voies de la réalité, toutes les branches du savoir. » (Entretien avec Jean-Pierre Nicola par Alain de Chivré, ex-président de la FDAF (Fédération des astrologues francophones).